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27 novembre 2008

Evgen Bavcar : un photographe aveugle

http://www.zonezero.com/EXPOSICIONES/fotografos/bavcar/index.html#


evgen_bavcar.jpg

Un homme aveugle qui porte des lunettes transparentes, qui s'habille avec le même chapeau noir, le même manteau et la même écharpe rouge qu'Aristide Bruant tel qu'il est peint par Toulouse Lautrec, qui parle à la radio de peintures qu'il n'a jamais vu, et qui prend des photos...Son nom est Evgen Bavcar, il est photographe, et il est totalement aveugle. Il est né en 1946 en Slovénie, et il a perdu la vue avant d'avoir 12 ans. 4 ans après, il prend un appareil photo en mains pour la première fois, pour prendre une photo de la fille qu'il aimait. Selon ses dires, il a ressenti du plaisir d'avoir "volé" et fixé sur pellicule quelque chose qui ne lui appartenait pas. Il découvre qu'il peut posséder ce qu'il ne voit pas. Il intensifie ses activités photo jusqu'à être exposé un peu partout en Europe.
Selon le poète allemand Walter Aue, il est le "quatrième inventeur de la photographie", après Niepce, Talbot et Daguerre.

A voir ici. Les textes sont passionnants pour ceux qui lisent l'anglais. C'est vraiment une autre vision de la photo à découvrir, qui remet certaines idées en place.

"Le voyeur absolu"

 

Chapitre "Les hirondelles"

 

Oui, elle était vraiment belle, séduisante, fascinante, presque la quintessence de la beauté terrestre, que le ciel existe, qu'il n'existe pas. Anne pouvait à tout moment se transformer en sorcière de la consommation. Sa beauté sacralisait les biens, les dotait d'une étiquette prestigieuse. Elle soignait son apparence en la ressourçant aux regards innombrables de ses admirateurs. Elle découpait son visage en multiples morceaux qu'elle partageait entre plusieurs banquiers, desquels elle exigeait des intérêts élevés et une garantie sentimentale. La dispersion de son bien lui assurait plus que le minimum vital; d'autre part, ses débiteurs ignoraient mutuellement leur existence et ne pourraient par conséquent jamais provoquer une chute en chaîne de ses valeurs. Quelle prudence, quelle sécurité, me disais-je devant l'assurance sentimentale de son image, qui n'avait à craindre ni les incendies ni les inondations.

 

*

 

Toujours pieds nus, j'attendais un événement essentiel, miraculeux, qui pût me projeter dans ses bras. Impatient de cet acte des plus naturels, j'allais oublier le principal, la vertu de ne pas dire sa faim, si insupportable soit-elle, de la feindre seulement pour autant qu'on ne puisse la cacher ou même la nier devant une table garnie des dons de la terre. Mais mes mains me trahissaient de plus en plus et quelques gestes m'échappèrent vers un fruit imaginaire. Pourtant je décidai de conserver l'indifférence, même envers le bon pain blanc qui commençait à briller dans la main qu'Anne allait me tendre.

 

*

Venue chez moi, elle chercha en vain dans mon visage le miroir, et je sentis ses regards errer furtivement entre moi et les miroirs suspendus au mur pour lui donner l'illusion de se croire vue et reconnue.

 

 

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