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30 novembre 2008

- Sahara suite-

ENJEUX SAHARIENSSahara, espace géostratégique et enjeux politiques (Niger)
« Il [le Sahara] se vend de mieux en mieux. Habilement récupéré, il est devenu un produit exotique parfaitement adapté à la publicité comme au cinéma, à la littérature, au sport, au tourisme ou aux angoisses spirituelles… » [Blin, 1990]

Sahara, espace mythique, est l’objet de tous les fantasmes depuis la terra incognita, réputée mangeuse d’hommes, jusqu’à la mystique unitaire et unificatrice du colonel Kadhafi rêvant de constituer, sous son égide, des États sahariens. Le Sahara, terre d’ascèse, présentée comme lieu d’épreuves, étendue illimitée réservée aux initiés, territoire prédestiné à des pionniers exaltés, est aussi investi d’une fonction essentiellement spirituelle qui en appelle (l’appel du désert…) à la vertu mystique. Le Sahara, aux confins indéterminés, demeure un espace de référence philosophique offrant une alternative aux sociétés occidentales en mal d’exotisme purificateur.

Ce désert chaud, aux marges indécises et imprécises, devient le lieu de prédilection pour le libertaire, orphelin de liberté, voulant allier l’aventure à l’ascèse. Les voyagistes, et autres tour-opérateurs, réactivent le mythe situé dans un décor d’espaces minéraux figés et placé au service de la consommation. Sahara : paysages à vendre ! La littérature saharienne, source de théâtralisation du mythe, en exclut les oasis et ses habitants, considérés comme des éléments dépréciatifs et triviaux. L’oasis n’est pas investie des propriétés du mythe. L’imagerie du « vrai Saharien » est celle du nomade (blanc bien sûr…), libre et altier, « fils du désert » parcourant un espace initiatique qui valorise des êtres d’exception. C’est également celle de l’officier méhariste ou, d’une manière plus prosaïque, celle du chef de chantier : de toute façon, tous des chefs !

D’une certaine manière, la quasi-totalité des écrits coloniaux et postcoloniaux s’inscrivent dans la continuité de cette imagerie tout en l’aggravant sensiblement. Ils appréhendent en effet le Sahara comme un espace occupé par des nomades au phénotype blanc et dont les terrains de parcours et les aires de transhumance sont perçus comme des assises ethnico-territoriales (par exemple, Maures, Touaregs, Arabes Chaamba, Toubous). Là aussi, les oasiens, agriculteurs au phénotype noir qui entretenaient souvent des relations de métayage avec les nomades, sont exclus de ce « Sahara blanc » comme dunes au soleil. Or, sans disposer toutefois de statistiques fiables, il semble que les populations oasiennes aient déjà été numériquement plus importantes.

Sahara : espace géographique et repères historiques
Par-delà tous ces clichés éculés, comment peut-on appréhender le Sahara ? La géographie ne semble pas en mesure de le circonscrire précisément d’autant que, comme tous les autres déserts, il se définit par rapport à ses marges, à sa périphérie. Il est toutefois convenu de considérer le Sahara géographique, dont la superficie estimée est de près de 8 millions de kilomètres carrés, comme l’espace qui s’étend depuis l’océan Atlantique jusqu’à la mer Rouge entre les 32e et 16e parallèles.
Charnière ou trait d’union entre l’Afrique subsaharienne et la partie nord du continent, zone d’échange, de contact, de transition, rempart politique, pour toutes ces raisons, l’histoire de ce « Sahara mouvant » en a fait un espace de turbulences politiques dont les enjeux sont la constitution de territoires sahariens.

Pour étayer ce point de vue et souligner le rôle géostratégique de cette partie du désert, il est nécessaire de s’appuyer sur quelques événements qui serviront de repères historiques et sur deux plans de réorganisation de l’espace saharien : l’un est celui du père de Foucauld, l’autre, d’ampleur inégalée, concerne l’Organisation commune des régions sahariennes (OCRS). En termes événementiels, cinq dates balisent, aux XIXe et XXe siècles, l’histoire politique du Sahara central
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