L' Art dans la peau ..
Une œuvre qui vaut la peau du dos
Dans
la série, « Je prends mon corps pour une œuvre d'art », épisode 1. Un
collectionneur allemand vient d'acquérir un tatouage de l'artiste belge
Wim Delvoye, passé maître dans l'art du détournement des codes et des styles, et rendu célèbre notamment par ses peaux de porcs tatouées.
Or
cette fois-ci, la peau tatouée n'est pas celle d'un porcin, mais d'un
musicien Suisse, Tim Steiner, dont le dos a été entièrement tatoué
d'après un dessin de Wim Delvoye : une madone surmontée d'une tête de
mort et de roses — un joli tatouage, mais somme toute banal (voir
photo). Après un accord préalable, l'acquéreur a versé 150 000 euros
(que se partagent le tatoué, l'artiste et sa galerie) pour posséder
l'œuvre, qui sera « détachée » du corps de Tim Steiner à sa mort, et à
laquelle on appliquera un traitement de conservation. En attendant, le
tatoué devra être disponible trois fois par an pour permettre au
collectionneur de l'exposer — la première monstration a lieu à partir
de mi-septembre à Singapour et à Shanghai...
En dehors de
l'effet médiatique souhaité (et obtenu), la démarche soulève plusieurs
questions, pas inintéressantes. L'auteur est-il l'artiste ou le tatoué
? Le corps humain peut-il devenir un support artistique reconnu par le
marché de l'art, donc bientôt par l'institution ? Peut-on tout
collectionner, et comment ? (l'acquéreur est libre, selon le contrat de
vente passé avec la galerie zurichoise De Pury & Luxembourg, de
revendre ou léguer l'œuvre à un tiers). Et les droits de l'homme dans
tout ça ?