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Articles
Je l’ai connue toute petite, je dois vous le dire. J’étais lié avec son père depuis très longtemps. C’était un honnête homme qui vivait dans un trou de province où, veuf, il s’était établi batteur d’or. C’est un métier qui demande beaucoup d’ordre ; mais lui était l’insouciance même et la légèreté ; pas de tête. Pourtant il m’intéressait, et autant que lui, peut-être, sa fille. Toute jeunette - je la vois encore -, de vivre au milieu des parcelles de métal précieux, il semblait que toute sa (...)
A la fin du XIXe siècle, la peinture et la littérature entretiennent plus que jamais des liens étroits : alors que les écrivains remettent les mots en question, les peintres veulent trouver un langage pictural inédit et cherchent de plus en plus à s’affranchir du figuratif. Ils inventent de nouveaux codes, une nouvelle écriture en quelque sorte. Parmi les écrivains de cette époque, Marcel Schwob emprunte à l’avant-garde picturale des principes qu’il transpose à la littérature. Selon lui, le (...)
« Grand, glabre, gras de face, sanguin de joues, l’oeil ironique, les dents mauvaises et avancées, une bouche vicieuse d’enfant aux lèvres molles de lait, prêtes à sucer encore. L’arc des sourcils et la lèvre est menteur ; la négligence affectée. Il a une longue redingote brune, un gilet singulier et un haut jonc à pomme d’or. En mangeant, et c’est très peu, il ne cesse de fumer à demi des cigarettes d’Egypte trempées d’opium. Terrible buveur d’absinthe, qui lui donne les visions de ses (...)
Cyprien d’Anarque avait environ quarante ans. On l’eût fâché en le lui rappelant. Il prétendait ne point dépendre de son âge plus que d’autre chose au monde. Haut sur jambes, sec et tanné, il avait l’œil violent et un visage aquilin, où le sourire fréquent s’était marqué par deux vides aux coins de la bouche. Grand lecteur de théories et impatient de toute contradiction, il avait la religion spéciale de ceux qui croient en ce qu’il disent dans le moment où ils parlent, cette religion qui (...)
À
bord de la Ville de la Ciotat
Golfe d’Aden
Mercredi 30 octobre 1901
J’avais fermé ma lettre hier vers trois heures. Peu après nous entrions dans
le détroit proprement dit de Bab-el-Mandeb. Notre bateau marchait à tous feux :
c’était la première fois que le capitaine Fiaschi franchissait les passes de
Djibouti, et il craignait d’arriver devant des récifs dangereux la nuit tombée.
En ce cas nous aurions attendu le matin. Nous passons nombre d’îlots montagneux
et stériles. Bientôt nous (...)
A
Oscar Wilde
Dans une ville de province que je ne saurais plus retrouver, les
rues montantes sont vieilles et les maisons vêtues d’ardoises. La pluie coule le
long des pilotis sculptés et ses gouttes tombent à la même place, avec le même
son. Les petites fenêtres rondes se sont enfoncées dans les murs, comme pour se
garer des coups. II n’y a de hardi, parmi ces ruelles, que le lierre à la pointe
des portes et la mousse à la crête des murs : car les feuilles sombres et
luisantes du lierre (...)
La science historique nous laisse dans l’incertitude sur les individus. Elle ne nous révèle que les points par où ils furent attachés aux actions générales. Elle nous dit que Napoléon était souffrant le jour de Waterloo, qu’il faut attribuer l’excessive activité intellectuelle de Newton à la continence absolue de son tempérament, qu’Alexandre était ivre lorsqu’il tua Klitos et que la fistule de Louis XIV put être la cause de certaines de ses résolutions. Pascal raisonne sur le nez de (...)
Monsieur William Burke s’éleva de la condition la plus basse à une renommée éternelle. Il naquit en Irlande et débuta comme cordonnier. Il exerça ce métier pendant plusieurs années à Edimbourg, où il fit son ami de M. Hare sur lequel il eut une grande influence. Dans la collaboration de MM. Burke et Hare, il n’y a point de doute que la puissance inventive et simplificatrice n’ait appartenu à M. Burke. Mais leurs noms restent inséparables dans l’art comme ceux de Beaumont et Fletcher. Ils (...)
Ce
texte est la préface de Vers Samoa, recueil de lettres de voyage de Marcel
Schwob à Marguerite Moreno, paru aux éditions Ombres en septembre 2002.
« Vallette me dit qu’on a envoyé Schwob respirer en Australie. Comme il faut
être armé là-bas - il n’y a aucun danger, mais il faut qu’on vous sache armé -,
Schwob a acheté un fusil, et il est parti avec son petit domestique chinois. Ca
doit lui aller, cet attirail. Avant de mourir, il vit ses contes. »
C’est
par ces quelques mots, datés du 2 (...)
Il se nommait vraiment Paolo di Dono ; mais les Florentins l’appelèrent Uccelli, ou Paul les Oiseaux, à cause du grand nombre d’oiseaux figurés et de bêtes peintes qui remplissaient sa maison : car il était trop pauvre pour nourrir des animaux ou pour se procurer ceux qu’il ne connaissait point. On dit même qu’à Padoue il exécuta une fresque des quatre éléments, et qu’il donna pour attribut à l’air l’image du caméléon. Mais il n’en avait jamais vu, de sorte qu’il représenta un chameau ventru (...)
Il y a près de cent ans, le 26 février 1905, mourait Marcel Schwob. Figure centrale du monde littéraire au tournant du XIXe et du XXe siècle, il était admiré tant pour son œuvre de fiction (Cœur double, Le Roi au masque d’or, Mimes, Le Livre de Monelle, Vies imaginaires, La Croisade des enfants) que pour son rôle de traducteur et de « passeur » des littératures étrangères, et pour son érudition devenue légendaire. Le cercle de ses amitiés (Stéphane Mallarmé, Jules Renard, (...)
Editeur : La revue des ressources
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